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Le Blog des mathématiques concrètes.
11 mars 2019

Probabilité de vie extra-terrestre.

hongrie-672x372

Cette fois ci ce n'est pas sur le Point, mais sur "La Revue pour l'intelligence du monde", que je découvre une affirmation qui me fait réagir. Pour ceux qui ne connaitraient pas ce bimestriel, je précise que cette revue est très sérieuse et d'ailleurs souvent tout autant interessante. Elle contribue à la réflexion dans de multiples secteurs, économiques, politiques, artistiques, gastronomiques, etc..., et donc comme ici, scientifique.

Dans un article intitulé: "Extra-terrestres, ils existent mais on ne les verra jamais", je lis cette affirmation:

"Avec une probabilité proche de 100%, il existe des planètes sur lesquelles la vie s'est développée".

Le raisonnement de l'auteur,  Marc Guillaume, un polytechnicien diplomé ENSAE et agrégé en économie, est le suivant:

"Après analyse des données du télescope Kepler, les astronomes estiment qu'il pourrait exister, rien que dans notre galaxie, 40 milliards de planètes de taille similaire à la Terre en orbite dans les zones habitables d'étoiles semblables au soleil ou d'étoiles dites "naines rouges". Le nombre de galaxies, évalué à 200 milliards il y a quelques années, a été réévalué à 2 mille milliards. Si chacune d'entre elles possède le même nombre d'exoplanètes que pour notre propre galaxie, il pourrait donc y avoir 80 mille milliards de milliards de planètes ressemblant à la Terre dans l'univers. Facile à calculer, difficile à concevoir. Une conclusion en découle cependant: avec une probabilité infiniment proche de 100%, il existe des planètes sur lesquelles la vie s'est développée. Il est même très probable que le nombre de planètes habitées par des extraterrestres est considérable. L'univers est très peuplé."

Ensuite il explique que le contact avec les extra-terrestres est impossible, tout simplement parce qu'ils sont trop loin.

Le raisonnement paraît à première vue imparable et je ne mets pas en doute les chiffres sur lesquels il appuie son raisonnement: c'est un scientifique sérieux, et même s'il a au cours de sa carrière beaucoup plus travaillé dans le domaine des sciences économiques que celui des sciences pures, je n'ai aucune raison de remettre en cause l'exactitude de ses chiffres, et donc je partirai d'eux.

Par contre je trouve qu'il va trop vite en besogne en affirmant que la probabilité est très voisine de 100% pour que la vie se soit développée ailleurs que sur la Terre.

Tout dépend en effet d'une autre probabilité: celle de l'émergence de la vie dans des conditions voisines à celles qu'a connues la Terre.

Si cette probabilité est supérieure à 1 sur 80 mille milliards de milliards, il a certainement raison. Par contre si elle lui est inférieure, ce n'est plus le cas. Si par exemple la probabilité d'émergence de la vie dans une planète similaire à la Terre est de 1 sur 800 mille milliards de milliards, cela ferait donc une probabilité de une chance sur 10 seulement pour que la vie se soit développée quelque part dans l'Univers. Et comme cette chance sur 10 est déjà prise par la Terre, il ne resterait que très peu d'espoir pour les autres, aussi innombrables soient-elles.

Tout cela pour dire que  tant qu'on ne sait pas évaluer la probabilité d'apparition de la vie sur une planète comme la Terre, on ne peut pas conclure aussi rapidement que le fait Marc Guillaume sur la présence de vie ailleurs que sur la Terre. A moins bien sûr qu'on en ait une preuve irréfutable avant, mais pour l'instant, malgré de gros efforts faits notamment par les Américains, ce n'est pas le cas.

Et je ne vois pas comment pourrait-on évaluer cette probabilité d'apparition de la vie,tant qu'on ne saura exactement comment elle apparaît. Et à ma connaissance, on est encore très, très loin de le savoir.

Donc pour ce qui me concerne, je fais une autre hypothèse que de dire qu'ils sont trop loin sur le fait que le contact avec les extra-terrestre soit impossible: peut-être qu'il n'y en a pas, tout simplement.

marc guillaume

Cette autre hypothèse d'Eric Zeltz est tout a fait possible et, dans mon article publié par La Revue, je lui ai laissé sa place en écrivant "avec une probabilité proche de 100%... " 

Il se trouve que les astronomes ont repéré un nombre croissant d'exoplanètes qui sont "habitables par la vie" (ayant des conditions physiques assez proches des nôtres). Il faut donc, comme le reconnait Eric Zeltz, que notre planète soit une exception vraiment exceptionnelle pour qu'elle soit la seule à être habitée par des êtres vivants et même des vivants développés comme nous ou plus. Mais, je le redis, cela reste une hypothèse possible mais je la considère comme très improbable. Ayant soumis mon papier à un ancien Président du CNES, très compétent par ailleurs en statistiques, il partageait ma conviction... 

eric zeltz

C'est vrai, votre "infiniment proche de 100%" laisse une toute petite, petite, petite  place à mon hypothèse. Tellement minuscule que je pense que la plupart de ceux qui vous liront verront tellement votre conviction (à savoir que c'est très improbable que seule la Terre soit habitée) qu'ils la transformeront sans doute très vite en certitude absolue. Or ce n'en est pas une.

 Tant qu'on ne saura évaluer la probabilité de l'apparition de la Vie dans une planète comme la Terre, on ne pourra en rester qu'au stade de la conviction, autrement-dit de la foi, mais jamais au stade de la certitude scientifique. Personnellement j'ai la conviction inverse à la votre, je pense que seule la Terre est habitée.  Cela dit, si un jour on me prouve qu'il y a des extra-terrestres, je la perdrai instantanément. 

marc guillaume

Aucune objection à votre proposition de continuer ce dialogue, d’autant plus qu’en fait nous sommes d’accord sur le raisonnement, sinon sur l’appréciation des probabilités!

eric zeltz

Tout-à-fait!

Je vous soumets donc le raisonnement suivant

Partons de l'hypothèse raisonnable que si il y a émergence de vie quelque-part, l'évolution darwinienne conduit au fil des millions d'années à aboutir à l'existence d'êtres au moins aussi developpés que nous, donc capables d' autant de curiosité et donc de progrès de toutes sortes, en particulier technologiques. Tôt ou tard, ils auront donc comme nous envie de savoir si d'autres êtres évolués existent. Et ils en prendront les moyens. S'ils sont à un stade plus évolué que nous, ce qui nous paraît trop lointain, leur sera peut-être plus facilement accessible. Ils bombarderont l'espace de signaux de toute sorte pour voir si ça réagit quelque part. Exactement comme les Américains l'ont fait et le font encore.

Il se trouve que pour l'instant on n'a rien repéré de cette nature. Donc ça suppose qu'au moins dans le domaine de l'Univers qui nous est facilement accessible actuellement, il n'y a pas de présence extra-terrestre. Supposons que dans ce domaine accessible, les astronomes quantifient N planètes de même nature que la notre et donc susceptibles potentiellement d'émergence de vie. Or, à ce jour, aucun signal ni réponse de leur part. Donc il n'y en a pas dans ce domaine. Donc déjà la probabilité d'émergence de la Vie dans des planètes du même type que nous est inférieure ou égale à 1/N.

On obtient donc ainsi une majoration de la probabilité d'emergence de la vie, et cette majoration diminuera au fur et à mesure de l'extension du domaine de l'Univers qui nous est accessible, du moins tant qu'il n'y aura pas de réponses ou de signes de vie extra-terrestre.

N'étant pas astronome, j'ignore la valeur précise de N actuelle, mais je pense qu'elle dépasse certainement déjà les millions, et donc cette fameuse probabilité d'emergence de la vie serait déjà certainement inférieure au millionième, voire au 10 millionième, voire moins encore, suivant cette valeur de N.

Que pensez-vous de ce raisonnement?

marc guillaume

Les N planètes que vous considérez sont à des milliers, des millions, d'années-lumières. Les plus proches exo-planètes ne sont pas observables directement (mais pas leurs effets sur l'étoile autour de laquelle elles tournent) Si une telle planète "proche" disparait , par collision par exemple, on ne l'observerait qu'indirectement (et encore faudrait-il avoir beaucoup de chance!) . Pour toutes les autres, leurs disparitions resteraient invisible pour nous. Si des explosions atomiques (une forme de "signal"!) surgissaient sur ces planètes nous ne verrions rien non plus! 
Ma conviction, opposée à la votre, repose sur le fait que l'univers est très peuplé de planètes et que certaines sont habitées par des intelligences supérieures, même si cela ne représente qu'une infime minorité d'entre elles, et qu'en même temps ces planètes sont à des distances de nous difficilement concevables. 
Mais, d'accord avec vous, on n'est pas dans la certitude et , en effet, il faut respecter la différence, quasiment symbolique, entre l'infiniment probable et la certitude 

 eric zeltz

Ces données de l'astronomie que vous m'indiquez font complètement tomber à l'eau ma démarche pour tenter d'évaluer la probabilité d'emergence de la vie sur une planète comme la Terre. Dommage pour ma théorie, mais c'est la vérité scientifique qui importe.

Par contre je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous dites que mon hypothèse est infiniment plus improbable que la votre: on n'en sait rien tant qu'on n'a pas une estimation précise de la probabilité que la Vie apparaisse. Et pour l'instant on n'en a aucune, sauf qu'on se doute bien qu'elle soit extrêmement faible. Tout dépend de la grandeur de cet "extrêmement", cf. mon raisonnement initial.

Au moins on va pouvoir se retrouver sur ce point: vous comme moi nous sommes persuadés que les extra-terrestres ne vont pas changer notre vie. Vous parce que vous pensez qu'ils sont bien trop loin pour qu'ils puissent un jour nous dire bonjour d'une manière ou d'une autre. Moi parce que je ne crois pas à leur existence.

eric zeltz

Il est temps de tirer les conclusions, au moins provisoires, de ce petit débat et d'en donner quelques prolongements:

1- Dans mon raisonnement initial, il y avait une entourloupette: Ce n'est pas parce que, dans les hypothèses où je m'étais placé, la probabilité que la vie apparaisse dans l'Univers était de 1/10 et qu'elle est effectivement apparue sur Terre, qu' " il ne resterait que très peu d'espoir pour les autres, aussi innombrables soient-elles". Ca ne change rien quant à leur probabilité d'apparition de la Vie.

2- Cela dit, et jusqu'à preuve du contraire, je reste persuadé que l'apparition de la Vie est un événement singulier, spécifique à la Terre, car très hautement improbable. Ce n'est pas parce qu'une autre planète a  des conditions atmosphériques, hydrologiques, etc..., plus ou moins vaguement semblables à celles de la Terre que la vie pourra pour autant s'y développer. A mon avis, il y a eu un concours de circonstances extraordinaire, des conditions millimétrées extrêmement précises, qui ont pu faire qu'un jour la Vie ait pu  apparaître sur Terre. Et ensuite il a fallu un concours de circonstances tout autant extraordinaire pour qu'elle ait pu se développer comme on sait et comme on en est l'aboutissement. Attention, je ne parle pas de miracle. Je dis simplement singularité et unicité de l'événement à cause de son extrême improbabilité. Et nous sommes la conséquence logique et fruit de l'évolution de cet événement "extrêmement improbable".

3- Discutant avec un collègue de philo (et par ailleurs docteur en physique), il me disait qu'il avait réfléchi sur la question et que ce qui le surprenait le plus c'est que les croyants aux extra-terrestres voyaient  toujours, ou presque toujours, ces derniers hautement évolués, au moins égaux sinon supérieurs à nous. C'est bien votre cas puique vous nous parlez de "planètes habitées par des intelligences supérieures".  L' athée pur et dur (je ne sais pas du tout si vous êtes dans ce cas) n'a-t-il pas besoin de se construire un "bestiaire" imaginaire qui supplée ce à quoi il ne croit pas? En tous les cas je ne vois pas d'autres raisons pour expliquer cette obligation d'intelligence supérieure à laquelle leurs croyants contraignent les extra-terrestres. Et comme me le faisait remarquer mon collègue, même si on admet que la théorie de l'évolution soit universelle, qu'est-ce qui prouve qu'ailleurs où la vie serait apparue, il faudrait arriver au même type de performances que ce qui est arrivé sur la Terre?

 

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Commentaires
I
Si on suit le raisonnement de Marc, on admettra qu'il y a eu une civilisation vieille de 100000 ans à la nôtre . Or si on regarde le progrès fulgurant des humains en une centaine d'année, cette civilisation avec 100000 ans d'avance n'aurait aucune difficulté à parcourir notre galaxie. L'erreur est de penser que ces êtres seraient coincés sur une planète. Il est possible que ces êtres ne cherchent pas forcément à communiquer avec nous sinon ils n'existent pas. Il s'agit d'un dilemme pour nous les humains; vous voyez un peu de quoi je veux parler!
Répondre
M
Les N planètes que vous considérez sont à des milliers, des millions, d'années-lumières. Les plus proches exo-planètes ne sont pas observables directement (mais pas leurs effets sur l'étoile autour de laquelle elles tournent) Si une telle planète "proche" disparait , par collision par exemple, on ne l'observerait qu'indirectement (et encore faudrait-il avoir beaucoup de chance!) . Pour toutes les autres, leurs disparitions resteraient invisible pour nous. Si des explosions atomiques (une forme de "signal"!) surgissaient sur ces planètes nous ne verrions rien non plus! <br /> <br /> Ma conviction, opposée à la votre, repose sur le fait que l'univers est très peuplé de planètes et que certaines sont habitées par des intelligences supérieures, même si cela ne représente qu'une infime minorité d'entre elles, et qu'en même temps ces planètes sont à des distances de nous difficilement concevables.<br /> <br /> Mais, d'accord avec vous, on n'est pas dans la certitude et , en effet, il faut respecter la différence, quasiment symbolique, entre l'infiniment probable et la certitude .
Répondre
M
Cette autre hypothèse d'Eric Zeltz est tout a fait possible et, dans mon article publié par La Revue, je lui ai laissé sa place en écrivant "avec une probabilité proche de 100%... "<br /> <br /> Il se trouve que les astronomes ont repéré un nombre croissant d'exoplanètes qui sont "habitables par la vie" (ayant des conditions physiques assez proches des nôtres). Il faut donc, comme le reconnaiit Eric Zeltz, que notre planète soit une exception vraiment exceptionnelle pour qu'elle soit la seule à être habitée par des êtres vivants et même des vivants développés comme nous ou plus. Mais, je le redis, cela reste une hypothèse possible mais je la considère comme très improbable. Ayant soumis mon papier à un ancien Président du CNES, très compétent par ailleurs en statistiques, il partageait ma conviction...<br /> <br /> Marc Guillaume
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